Éponge

Cette éponge vient de la cuisine d’un foyer.
Elle a frotté des assiettes trop grasses, absorbé des débordements, nettoyé des miettes, des repas entiers, des ratés de cuisine et des réussites. Elle a été tordue, écrasée, rincée, parfois oubliée dans l’évier.

Au début, elle était jaune pétant. Puis, semaine après semaine, elle s’est abîmée, a perdu sa couleur, son odeur est devenue plus forte, presque vivante. Quand elle ne lave plus rien, elle finit dans la poubelle grise

Dans la déchethèque, elle raconte le quotidien invisible, celui des gestes répétitifs, du soin porté au foyer et de la matière qui finit par s’user jusqu’à disparaître.